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Le testeur de profondeur de champ

Le testeur de profondeur de champ


Qu'est-ce que le testeur de profondeur de champ ?
● C'est un dispositif dont plusieurs appareils reflex sont munis et qui permet de contrôler visuellement et préalablement à la prise de vue les limites réelles de la zone de netteté pour une distance sujet/appareil et une ouverture données. Actionné, il ferme le diaphragme à la valeur sélectionnée pour l'exposition.

● Le testeur ne peut en général s'employer qu'en mode d'exposition manuel ou semi-automatique ou encore en automatisme à choix de l'ouverture. Cependant, quelques appareils récents très sophistiqués permettent son utilisation même en modes programme et automatique à priorité à la vitesse, ce qui est un avantage très appréciable.


Puisque le testeur de profondeur de champ s'avère si important, comment se fait-il qu'il n'existe pas sur tous les appareils reflex ?
● L'absence de testeur de profondeur de champ sur la plupart d'appareils reflex devrait être considéré comme un scandale, mais c'est un scandale qui s'explique. Installer un testeur fait grimper le prix de l'appareil alors que la concurrence commerciale est féroce. D'autre part, relativement peu d'utilisateurs comprennent l'utilité du testeur et ont recours à lui.

● Le photographe soucieux de donner à ses images un cachet esthétique doit impérativement savoir se servir du testeur de profondeur de champ. Ce dispositif n'est nullement un gadget mais une vraie nécessité. Ne choisissez pas un appareil reflex sans testeur, même s'il est comblé d'autres perfectionnements, puisqu'il ne vous permettra pas de prévisualiser le résultat et vous induira en erreur. Un appareil compact, lui, ne vous trompera pas parce qu'il ne vous cachera pas les détails qui seront enregistrés sur le film. Existe-t-il quoi de plus laid que l'image d'un adorable enfant au jeu dans une pièce avec un radiateur et un tas de linge désordonné apparaissant bien nets dans le fond ? Un testeur enfoncé vous aurait permis d'apercevoir ces éléments inesthétiques et de choisir une ouverture plus grande afin de les noyer dans le flou et de mettre l'enfant davantage en valeur. Bien des photos de plage sont gâchées parce que, à cause de l'abondance de la lumière, on a trop fermé ou laissé l'automatisme de l'appareil trop fermer le diaphragme, mettant ainsi bien en évidence, autour des personnages qu'on voulait privilégier, des vêtements, des accessoires de pique-nique et peut-être même une poubelle publique !

● On ne parle généralement que de l'arrière-plan gênant ; mais n'oubliez pas que l'avant-plan d'une photo peut aussi l'être sans qu'on s'en aperçoive à la visée. Bien des photos prises au zoo en sont un exemple typique : sur les images, les fauves apparaissent derrière des barreaux ou grillages bien nets alors qu'à la visée ils avaient l'air d'être en pleine nature. Le testeur vous aurait évité cette mauvaise surprise.

● En photomacrographie (photographie rapprochée), on utilise souvent de petites ouvertures pour compenser la très faible profondeur de champ causée par la distance sujet/appareil très réduite. On court alors le risque d'avoir un fond trop net si l'on n'a pas la possibilité de prévisualiser l'effet avant la prise de vue et de choisir le meilleur compromis. Il ne serait peut-être pas exagéré d'affirmer que sans un testeur de profondeur de champ il ne peut y avoir de bonnes photomacrographies.


Lorsqu'on actionne le testeur de profondeur de champ, le viseur s'obscurcit et l'on ne voit plus rien. Comment peut-on visualiser la profondeur de champ dans ces conditions ?
● Là, vous exagérez un peu. Si vous choisissez une ouverture plus grande que f/4, aucun problème de lisibilité, d'autant que les auxiliaires centraux de mise au point sont encore capables de vous fournir des indications précises. Entre f/4 et f/5,6, rabattez-vous sur la couronne de microprismes ou, mieux, sur le verre dépoli. Entre f/8 et f/16, même la couronne n'est plus exploitable parce que trop obscurcie ;· ne vous basez plus maintenant que sur le dépoli de visée pour contrôler les limites de la profondeur de champ. Au-delà de f/16, on ne voit pratiquement plus rien avec le testeur enfoncé, mais la profondeur de champ est alors tellement grande qu'on n'a pratiquement plus besoin de la contrôler.

● Au début, vous trouverez peut-être l'obscurcissement de l'image très gênant ; mais vous vous y ferez vite très bien comme tant d'autres amateurs. Un bon oeilleton en caoutchouc fixé sur l'oculaire vous aidera à voir beaucoup mieux ce qui se passe sur l'écran de vision.

● D'autre part, vous devez vous entraîner à étudier la netteté du sujet et l'étendue de la profondeur de champ sur la partie dépolie du verre afin de pouvoir vous y référer le plus fréquemment possible sans la moindre gêne.

● A part le secours indispensable du testeur, il faut acquérir l'habitude de jeter systématiquement un rapide coup d'oeil autour du sujet principal avant même de viser afin de prévoir qu'à l'ouverture choisie ni un avant-plan ni un arrière-plan malencontreux ne soient susceptibles de venir enlaidir l'image ou perturber son harmonie.


Comment expliquez-vous le fait que le testeur de profondeur de champ est si mal connu du grand public ?
● Il est si mal connu parce que beaucoup d'utilisateurs ignorent son utilité. Et cette ignorance est délibérément entretenue par certains fabricants pour des raisons commerciales !

● D'autre part, il faut reconnaître que le testeur est un dispositif légèrement abscons : ses effets ne sont pas tellement évidents aux yeux d'un photographe pressé ou peu exigeant, d'autant qu'il réduit la luminosité du viseur.

● Si vous avez des réticences vis-à-vis du testeur, il vous est conseillé vivement de chercher à les dissiper en l'employant le plus souvent possible. Entraînez-vous à constater ses effets - et ses bienfaits. Pour ce faire, affichez la plus grande ouverture sur votre objectif et faites la mise au point sur un objet quelconque. En tenant le testeur enfoncé, regardez dans le viseur en affichant des ouvertures de plus en plus petites. Vous constaterez que de plus en plus de détails autour de l'objet focalisé, qui étaient flous ou imperceptibles au début, deviendront de plus en plus nets et envahissants. Toujours avec le testeur enfoncé, tournez maintenant la bague des ouvertures dans l'autre sens. Vous verrez que ces détails indésirables s'estomperont progressivement les uns après les autres.

● Si les effets ne vous semblent pas immédiatement concluants, utilisez un objectif de plus longue focale. Après quelque temps, vous arriverez à percevoir facilement les variations de la profondeur de champ en fonction des ouvertures choisies. Faute de s'être livrés à ce petit jeu, tant d'amateurs n'ont pas su apprécier le testeur à sa juste valeur et l'exploiter profitablement.


Si je n'avais maintenant qu'un reflex sans testeur, me conseilleriez-vous de m'en séparer pour un autre avec testeur ?
● Oui si vous êtes motivé pour la bonne photographie, car vous ne devriez pas continuer à travailler avec un si sérieux handicap à moins, bien entendu, que vous ne comptiez faire que des photos d'actualité et de reportage.

● En attendant d'avoir un autre appareil, vous pouvez néanmoins prévisualiser la profondeur de champ en procédant comme suit :

● Débloquez l'objectif et tournez-le lentement sur sa monture comme si vous vouliez l'enlever de l'appareil, tout en observant attentivement l'écran de mise au point. Celui-ci s'obscurcit progressivement. Dès que l'obscurcissement donne le signe de s'arrêter, cessez de tourner l'objectif et examinez bien l'image, car vous venez d'atteindre la valeur de diaphragme que vous avez l'intention d'utiliser pour exposer votre cliché. Cette opération est surtout valable lorsqu'il y a une série de photos à réaliser dans les mêmes conditions - c'est-à-dire avec la même ouverture de diaphragme et pour des sujets situés à la même distance de l'appareil. Attention au risque de laisser tomber votre objectif ; tenez-le bien en main.

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Citations

Mieux vaut vivre enchaîné près de celui que l'on aime, que libre au milieu des jardins près de celui que l'on hait (Saadi).
L'amour niche dans les rides (Stobée).
Pas de sérénité sans contraindre les mouvements naturels de l'âme (proverbe chinois).
Le summum de la puissance consiste dans le fait de transformer tes ennemis en amis (proverbe juif).