Les différents systèmes de mise au point

Les différents systèmes de mise au point

Quels sont les systèmes de mise au point existants ?
● Il existe à l'heure actuelle cinq systèmes de mise au point.

1. Mise au point fixe (fixfocus). Certains appareils de conception simple - type Pocket, Disc, etc. - sont équipés de ce système. L'utilisateur n'a pas à faire la mise au point : tout ce qu'il photographie à une distance d'environ 2 m à l'infini sera net. Très simple d'emploi et très pratique pour faire des instantanés, la mise au point fixe présente cependant des inconvénients majeurs, dont l'impossibilité de réaliser des gros plans - les sujets seront alors flous parce que le photographe doit trop s'approcher d'eux et que de ce fait ils sont situés en deçà de la zone de netteté - et surtout l'impossibilité de photographier un sujet net se détachant sur un fond flou.
   
   
2. Mise au point sur distances types. Certains appareils à objectif fixe - type Instamatic, etc. - se règlent sur des distances concernant divers sujets représentés par des symboles gravés sur l'objectif ou dans le viseur. Ce système est commode, mais approximatif. En général, nous avons les symboles pour portraits (tête et épaules), portraits en pied, photos de groupes, et enfin photos de paysages.
   
   
3. Mise au point à télémètre couplé. Beaucoup d'appareils non reflex (des compacts) possèdent un télémètre couplé à la bague de distances. En regardant dans le viseur, on voit généralement deux images d'un même sujet : l'une est l'image normale fournie par le viseur et qui sert de référence ; l'autre, venant de l'objectif, traverse le télémètre et se reflète dans le miroir mobile au fond de l'objectif vers l'oeil de l'opérateur. L'image du sujet reste double tant que la mise au point n'est pas correcte. Pour obtenir un réglage parfait des distances, il suffit de tourner la bague mise au point dans un sens ou dans l'autre jusqu'à ce que les deux images se superposent exactement. Si un stigmomètre tient lieu de télémètre, on aperçoit une image cassée à la place de l'image double. Ce système de mise au point est fiable et assez rapide, mais tend à céder la place à la mise au point automatique.
   
   
4. Mise au point avec stigmomètre, couronne de microprismes et verre dépoli. C'est le système adopté pour presque tous les appareils reflex (appareils à visée directe). L'écran de mise au point est généralement un verre dépoli mat avec un rond central (stigmomètre) entouré d'une couronne. Le stigmomètre, nous l'avons vu, donne une image cassée lorsque la distance sujet/appareil est mal traduite. La couronne se compose d'un certain nombre de minuscules pyramides qui donnent une image floue de la scène considérée tant que la mise au point est incorrecte. On peut également juger de la netteté du sujet en se référant directement au dépoli, ce que beaucoup d'amateurs rechignent à faire et ils ont tort. Ce système est très précis, d'autant que l'image qui se forme sur l'écran de vision est pratiquement celle qui sera enregistrée sur le film.
   
   
5. Mise au point automatique (autofocus). Un grand nombre d'appareils compacts et de plus en plus d'appareils reflex 24x36 sont actuellement dotés du mécanisme de mise au point automatique. La mise au point se fait sur une petite plage de référence située au centre du viseur. Toute partie de la scène photographiée qui s'y trouve apparaîtra nette sur l'image finale, même si cela ne correspond pas à l'intention du photographe. Les appareils comportant un dispositif de mémorisation permettent d'éviter de centrer le sujet principal sur l'image : on fait la mise au point sur un motif intéressant au centre du viseur, on met la valeur obtenue en mémoire, puis on recadre (recompose) avant de déclencher ; le motif, même excentré, sera net dans ce cas. Il est préférable, lorsque vous achetez un appareil autofocus, reflex ou compact, de choisir un qui soit pourvu de mémoire, autrement vous rencontreriez certains problèmes de mise au point, de composition et aussi d'exposition au flash. (L'une des sacro-saintes règles de la composition photographique est que l'élément principal d'une image doive se trouver plus ou moins éloigné du centre.) Avec les appareils reflex autofocus les plus sophistiqués on peut même faire la mise au point en continu : une fois la mise au point faite sur le sujet principal, elle ne le lâche plus jusqu'au déclenchement, même s'il se déplace ou si l'on le déplace en déportant l'objectif. Ce perfectionnement permet évidemment d'opérer vite quand le sujet est en mouvement et facilite grandement la bonne composition de l'image.

Pourquoi les fabricants n'adoptent-ils pas le système de mise au point fixe sur tous les appareils pour faciliter les choses ?
● Ils auraient pu le faire s'il n'avait été question que de simplifier les choses. Mais il leur a fallu tenir compte d'autres impératifs afin d'éviter la monotonie, la lassitude et enfin la désaffection, en somme, de satisfaire les photographes un tant soit peu exigeants. En effet, quoi de plus désespérant que de ne voir partout dans le monde que des photos uniformément nettes ? Quoi de plus inesthétique qu'une photo où tous les détails indésirables sont bien en vue et noient le centre d'intérêt ? Et que pourrait faire un opérateur s'il voulait montrer un sujet net sur fond flou ? La possibilité de rendre nets ou flous tels ou tels éléments d'une image selon ses désirs constitue pour le photographe créatif une exigence irréductible. Seul un objectif à mise au point variable peut lui permettre de rendre floues certaines régions indésirables de la scène, tout en mettant en valeur par la netteté les zones significatives. Car, pour lui, il ne s'agit pas seulement d'avoir des images, mais le plus souvent des images qui parlent, qui suggèrent, qui plaisent, qui émeuvent.

● Mais que les possesseurs d'appareils fixfocus ne se désespèrent pas ! Il existe bien des cas où un fond net est avantageux (photos de paysages, par exemple), et où un premier plan flou donne le plus bel effet (photos de monuments, par exemple). Il vous est indiqué dans cet dossier, notamment au Chapitre 1, comment tirer le meilleur parti de votre modeste appareil fixfocus dans les circonstances concrètes.


Pourquoi n'a-t-on pas généralisé le système de mise au point automatique puisque, semble-t-il, les désirs du photographe seront respectés ?
● La mise au point automatique sur les appareils de petit format a actuellement le vent en poupe. Ce qui a retardé son apparition et son développement était la difficulté de la rendre vraiment performante et bon marché. Une mise au point automatique sans mémoire ou sans continuité n'est guère plus avantageuse qu'une mise au point fixe car, répétons-le, elle met invariablement au centre la partie principale de l'image. A l'heure actuelle, la mise au point automatique est encore assez lente - on devrait s'en passer, par exemple, si l'on voulait faire de la photo sportive. Souvent, le seuil d'éclairage pour un réglage raisonnablement précis de l'autofocus est d'environ IL 6 (l'équivalent d'une ouverture de diaphragme de f/2 et d'un temps de pose de 1/15 s pour un film de 100 ISO) ; en plus faible éclairage, le système devient plutôt aléatoire ou refuse tout simplement de fonctionner. D'autre part, la lecture de l'autofocus n'est pas infaillible : elle peut être faussée par des facteurs tels que la présence d'une vitre ou de lignes parallèles, présence que seule l'intervention du facteur humain est en mesure de vaincre. Enfin, si on ne peut pas choisir des ouvertures de diaphragme - c'est le cas de tous les appareils compacts et d'un certain nombre d'appareils reflex -, on ne peut pas non plus déterminer soi-même avec précision l'étendue de la zone de netteté.

● Quoi qu'il en soit, le système de mise au point automatique se perfectionnera et se généralisera, comme c'était le cas de l'exposition automatique. On ne peut que s'en féliciter, tout en restant conscient des limites du système, limites qui reculeront certainement de plus en plus. Car il ne faut pas croire que l'automatisme, quel qu'il soit, peut tout faire ; il ne peut, à vrai dire, qu'affranchir l'opérateur des contraintes techniques, des gestes monotones et des réglages fastidieux, mais ne saurait en aucun cas se substituer à lui pour ce qui concerne le côté artistique de l'oeuvre et la créativité.

● La mise au point automatique peut aider efficacement le photographe à rendre net l'élément sur lequel le point est fait, mais il doit lui-même intervenir pour décider des éléments à rendre flous, de l'étendue de la zone de netteté, en un mot de la profondeur de champ.

● Si vous possédez un appareil compact (non reflex) autofocus, vous jouirez d'un grand confort d'utilisation, mais votre marge de manoeuvre ne sera pas très grande. Il vous est indiqué opportunément dans ce dossier comment exploiter toutes les possibilités de votre équipement.